La gauche a défié Woerth sur ses terres

Publié le par la gauche alternative dans l'Oise

Hervé Sénamaud | 21.12.2008, 07h00
 

Entre 400 et 450 manifestants ont répondu hier à l’appel de trois formations de gauche (PS, PCF, PRG) à manifester à Chantilly, la ville du ministre du Budget, Eric Woerth. Un véritable succès auquel le ministre peut légitimement être associé puisque sans les courriers—maladroits—adressés aux formations de gauche pour demander l’annulation de cette manifestation, il n’y aurait sans doute pas eu une telle affluence.

« Je n’ai jamais vu autant de monde pour une manif prévue un 20 décembre », se réjouit Thierry Aury, secrétaire départemental du PCF.

Intervention maladroite des CRS

Et pourtant Eric Woerth, qui présidait au même moment le conseil municipal de sa ville, l’assure : «Mes intentions ont été mal interprétées, je souhaitais seulement informer mes concitoyens de la situation. » En attendant, hier matin, dès 10 heures devant les grilles de l’hôtel de ville, les manifestants, Yves Rome président PS du conseil général en tête, accompagné de plusieurs de ses vice-présidents dont André Vantomme (PS) et Patrice Carvalho (PCF), réclament sur l’air des lampions que le ministre vienne s’expliquer et tous les ténors de la gauche départementale arrivent.

« Nous aimons beaucoup Chantilly et son député-maire-ministre ! », s’amuse Claude Gewerc (PS), président du conseil régional de Picardie. Pendant ce temps, l’Internationale » résonne dans les rues de la ville.
 
A 10 h 45, le cortège s’ébranle sur l’avenue du Maréchal-Joffre, en direction du rond-point de Sylvie, sous l’œil des CRS, dont une dizaine de cars sont stationnés à proximité. Presque une promenade de santé dans une ambiance bon enfant, avec en tête de cortège un Père Noël avec un masque de Nicolas Sarkozy. Au rond-point, les manifestants font demi-tour et repartent vers le centre-ville. Un cordon de gendarmes tente de stopper le retour mais est vite débordé. Sur place, le sous-préfet, Michel Schmidt de La Brelie, décide la dissolution de la manifestation, pour « trouble manifeste à l’ordre public, toute la ville étant bloquée ». Les CRS se mettent en place au travers de la route. Tandis qu’à l’étage d’une habitation, un homme fait un signe de croix pour bénir tout le monde, les manifestants entonnent « la Marseillaise ».

Jean-Pierre Bosino (PC), maire de Montataire, et Philippe Massein (PS), maire adjoint de Villers-Saint- Paul, viennent protester auprès du sous-préfet, en vain. « Woerth dictateur ! » scande la foule. «Aujourd’hui, Chantilly est un îlot de dictature ! » fulmine Jean-Pierre Bosino. Finalement, le centre-ville restera bloqué plus longtemps que prévu, puisque les manifestants sont régulièrement bloqués par petits groupes et ont bien du mal à pouvoir accéder à leurs véhicules. Tous ont promis de revenir, très bientôt.

Publié dans lu dans la presse

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